jeudi 11 juillet 2013

Un octogénaire tue un motard : « Le problème du permis à vie »

C’était une belle journée qui rassemblait 70 amateurs de grosses cylindrées a viré au drame le 9 juin 2012, à Millery, un axe tranquille de Meurthe-et-Moselle.
L’un d’entre eux a été fauché par un automobiliste arrivant en sens inverse qui lui a coupé la route et refusé la priorité. Le quadragénaire qui chevauchait son engin, domicilié à Mirecourt, a lourdement chuté au sol, et n’a pas survécu. Sa fille de 20 ans, à l’arrière, a été lourdement blessée. Un an après les faits, sa mauvaise fracture au coude n’est toujours pas consolidée. Dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Nancy, elle pleure à chaudes larmes à l’évocation des faits.
Le responsable de l’accident, un homme âgé de 87 ans, lui, n’est pas là. « Son état de santé ne lui permet pas, il a des problèmes de mémoire, d’ailleurs il a rendez-vous chez un spécialiste le 15 juillet », avance Me Dubois à sa défense. En revanche, l’une de ses filles est présente, et tient à prendre la parole. « Mes mots seront dérisoires et sans doute maladroits mais nous partageons le chagrin de la famille de la victime. J’y pense tous les matins », assure la dame.
« Elle aurait souhaité qu’il arrête de conduire mais il s’est fâché », reprend Me Dubois. Ce dossier pose le problème délicat du permis de conduire délivré à vie en France, concède le procureur adjoint Yvon Calvet. « Oui, la plupart des pays de l’Union Européenne ont mis en œuvre des procédures de contrôle pour les conducteurs dès 60 ans », opine le conseil.
« Lors de son audition, ce monsieur qui souffre de problèmes auditifs, visuels et neuro-cérébraux, ne paraissait pas forcément conscient de ce qu’il a provoqué », corrobore la présidente Catherine Hologne, le nez dans le dossier. « Il a expliqué que le motard était venu se jeter sous ses roues, ce que les constatations ont infirmé ».

Un an avec sursis

« Il s’est engagé délibérément sur sa gauche après avoir laissé passer quelques motos ! », tance Me Desforges pour la partie civile. Un geste qui a été fatal au père de famille vosgien, pompier volontaire depuis 20 ans. « Son propre père n’a pas survécu au drame, il a été emporté par une leucémie foudroyante en janvier », poursuit l’avocat qui voit dans la maladie un lien de cause à effet.
« Il suffit de quelques instants pour que la vie bascule », analyse le procureur adjoint tout en n’accablant pas l’octogénaire. Il requiert 9 mois de prison avec sursis et l’annulation de son permis de conduire. « Il n’est pas nécessairement de mauvaise foi, il se peut qu’avec ses perceptions diminuées, il ait vécu l’accident comme il l’a rapporté ».
Le tribunal condamne en son absence le vieil homme domicilié à Custines à 1 an de prison avec sursis et prononce l’annulation de son permis de conduire avec l’interdiction de le repasser avant 3 ans, le maximum prévu par la loi.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/07/11/le-probleme-du-permis-a-vie

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