mercredi 26 mars 2014

Le drame aurait-il pu être évité à Poggio de Venaco?

Les disputes se succédaient depuis plusieurs mois entre les voisins. De nombreuses mains courantes avaient été enregistrées par les gendarmes de Venaco et de Corte. Aujourd’hui, le village est sous le choc
Après l'agitation de ces dernières 72 heures, le calme régnait sur Poggio de Venaco hier après-midi. Pas âme qui vive dans les ruelles du village. Pas un bruit, sinon le chant des oiseaux entre deux averses.
>> Lire aussi: VIDÉO. Cadavres à Poggio-di-Venaco: une querelle de voisinage à l'origine du drame
Comme si les villageois s'étaient terrés chez eux pour se recueillir. Prier pour ces deux familles touchées par l'horrible drame. Un drame qui aurait pu être évité, si l'on en croit les dires de celles et ceux qui ont activement participé aux recherches entre vendredi soir et dimanche.
En effet, depuis plusieurs mois les disputes marquaient le quotidien des voisins. Des coups auraient même été échangés entre les deux familles. Plusieurs mains courantes ont été déposées auprès de la gendarmerie de Venaco, mais aussi de Corte. D'ailleurs, Fabien Simonet, l'une des victimes, aurait été entendu pour coups et blessures.
Tout dernièrement, Germina Lacosta-Puigvert aurait même exhorté le maire de Poggio de Venaco, Jean-Baptiste Casanova, de jouer les médiateurs afin d'apaiser une situation devenant inquiétante. Selon certaines sources, la victime aurait fait part de son inquiétude en expliquant qu'elle« sentait qu'un drame pourrait se jouer dans cette maison ».
Malheureusement, ses prédictions se sont vérifiées.
Et aujourd'hui deux familles sont plongées dans la douleur. Deux morts, une mère et son fils. Un couple, Yvan et Elena Modzalewsky avec des enfants en bas âges, inculpé, d'homicide volontaire pour le premier, et pour recel de cadavre, modification de la scène de crime et altération de preuves, pour la seconde. La troisième personne, père du suspect, a été entendue par le procureur avant d'être relâchée, lundi soir, vers 22 heures.
L'irréparable
Les enquêteurs s'attachent aujourd'hui à déterminer l'élément déclenchant de ce drame. Le coup de folie ? Car Yvan Modzalewsky n'était pas connu pour être coléreux. Au contraire. Sans emploi, il s'occupait de ses bêtes, ses poules, ses lamas, installés sur un terrain familial en bordure de la RN 193. Il était serviable et n'hésitait jamais à aider les anciens du village, comme le lui avaient inculqué ses parents. Il venait même d'être élu conseiller municipal dimanche. C'est donc l'incompréhension qui règne à Poggio. Un village sous le choc.
Devant le drame qui venait de se nouer, l'homme a peut-être pris conscience de l'ampleur de la catastrophe et de ses conséquences, surtout pour sa famille. Il aurait alors décidé de faire disparaître les corps.
Concentrées autour de la maison où s'est joué le drame, les recherches n'ont rien donné. Jusqu'à ce qu'un groupe décide de fouiller le secteur de la gare. On y remarque tout d'abord de récentes traces de pneus, et d'une remorque. Les gendarmes sont alertés. On trouve alors un vêtement tâché de sang. Un ami de la famille des victimes propose son concours. Son chien va conduire les enquêteurs jusqu'à la sépulture.
À une centaine de mètres des bâtiments désaffectés, abritant jadis la gare, à droite de la voie ferrée, démarre un chemin recouvert de feuilles mortes. Dans la chênaie, bordée d'un maquis dense composé de bruyères et de ronces, le sentier, brusquement très pentu, se poursuit sur quelques dizaines de mètres. Un sentier sans doute uniquement emprunté des chasseurs ou cueilleurs de champignons. C'est là, que les corps de Germina Lacosta-Puigvert et de Fabien Simonet gisaient sous une cinquantaine de centimètres de terre.
Les autopsies des victimes ont eu lieu hier à Bastia. Les obsèques devraient être célébrées à Poggio de Venaco vendredi.

http://www.corsematin.com/article/poggio-di-venaco/le-drame-aurait-il-pu-etre-evite-a-poggio-de-venaco.1320237.html

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