jeudi 14 novembre 2013

Suicide d'une adolescente harcelée : les parents portent plainte contre les auteurs et le collège

Marion, 13 ans, victime de harcèlement au collège s'est pendue en février. Ses parents ont décidé de sortir du silence et de porter plainte contre l'établissement scolaire et contre les harceleurs "pour que chacun soit face à ses responsabilités".

C'est un témoignage poignant. Celui d'une mère, Nora Fraisse, dont la fille de 13 ans, victime de harcèlement au collège, s'est pendue le 13 février 2013. Après deux plaintes à la gendarmerie puis auprès du parquet d'Evry, ses parents ont décidé jeudi de déposer à Paris une nouvelle plainte avec constitution de partie civile afin qu'un juge enquête. Une plainte pour "violences", "homicide involontaire" et "non-assistance à personne en danger". Sur Europe 1, la mère de la jeune Marion revient sur ce jour terrible.
La jeune fille, scolarisée en 3e au collège Jean-Monnet, à Briis-sous-Forges, dans l'Essonne, a laissé des lettres. "Elle disait que sa vie a dérapé, a basculé. Personne ne l'a compris. Elle décrit les principales insultes, les principales menaces. Elle donne les noms des principaux harceleurs. Elle garde cette douceur et cette sensibilité qui la caractérisaient. Elle trouve les mots justes, les mots doux, malgré sa souffrance. Et elle nous dit adieu. Et elle remercie, elle dit : "Merci pour ceux qui m'aimaient pour ce que je suis et non pas ce que je ne suis pas.", relate sa maman, la voix étranglée par l'émotion.
"Elle a été humiliée, rabaissée, menacée de mort"
Les parents de Marion veulent aujourd'hui la nomination d'un juge pour "faire toute la lumière sur ce qui s'est passé parce que nous avons, du fait de notre enquête personnelle, trouvé des preuves accablantes contre le collège, démontrant un grave dysfonctionnement, et nous portons plainte contre les élèves qui sont nommés dans la lettre".  Scolarisés dans la classe de 4e de sa fille, mais aussi dans d'autres classes, ils n'ont jamais été inquiétés après la mort de Marion. "Malgré tout l'amour qu'on lui portait, elle a été humiliée, rabaissée". Le jour de son
suicide, elle avait été violentée dans la cour de récréation, en présence des surveillants.
"Elle m'a appelée, elle s'était réfugiée aux toilettes, en me disant : "Je ne vais pas bien, il faut que je rentre (....) elle a eu de vraies menaces de mort. (Le jour de son décès) elle était attendue au collège par ses harceleurs pour lui faire la peau", explique Nora Fraisse. Et de poursuivre ; "Je dis aux harceleurs : ce que vous avez fait est intolérable, inadmissible, inexcusable. Ca doit être sanctionné de manière très sévère. Il n'y a pas d'excuse de minorité. Quand on a 14 ans, que délibérément on pousse quelqu'un au suicide, on l'anéantit, on lui fait perdre l'estime de soi, et bien on se met face à ses responsabilités".

Double faute de l'Education nationale
Cette démarche judiciaire, les parents de Marion ont décidé aussi de la mener pour dénoncer le "silence" et "le mépris" de l'Education nationale. "Je peux vous dire aujourd'hui : 9 mois après le décès de Marion, aucun enseignant n'a pris contact avec nous. Aucun n'a donné un mot de condoléances", témoigne Nora Fraisse. Dénonçant dans un courrier des "carences et des lacunes gravissimes dans l'encadrement des élèves et la discipline", ils demandent à Vincent Peillon une inspection approfondie de l'établissement.
Pour Me Père, l'avocat des parents, l'administration a commis une double faute dans cette affaire. "La première, d'ordre pénal, tient aux manquements de l'Education nationale à ses obligations de surveillance dans le collège. La seconde faute est morale car l'Education nationale nous oppose depuis le drame un silence dédaigneux", a déclaré Me Père à l'AFP. Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l'Essonne, a également écrit à  Vincent Peillon pour lui demander d'apporter des réponses aux parents de Marion.

"Il vaut mieux rater une année que rater sa vie" 
Cette démarche, Nora Fraisse la fait aussi pour tous "les autres enfants" qui se trouvent dans cette situation. Pour leur dire qu'il existe des tas de recours. "Je dis aux enfants qui nous écoutent : si vous avez peur, dites-le. Si vous ne voulez plus aller à l'école, n'y allez plus ! Il vaut mieux rater une année d'école que rater sa vie".

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