jeudi 13 août 2015

Mort seul dans l'indifférence à Pontarlier, les voisins choqués et consternés

Insoutenable. Trois jours après la découverte du corps en décomposition de cet homme de 53 ans, l’odeur qui émane du 17, rue Jeanne-d’Arc, au centre-ville de Pontarlier, retourne littéralement l’estomac. Dans la cage d’escalier. Dans le local des poubelles. Sur le palier. Dehors, sur le trottoir. Impossible d’y échapper.
Blandine, qui vit au rez-de-chaussée, avait collé ce mercredi matin une large pancarte sur la porte d’entrée de l’immeuble, sur laquelle était inscrite : « Adieu Pascal… Mais que font les autorités ? 4 jours qu’on ne peut plus respirer ». C’est elle qui dimanche, alertée par cette terrible odeur, a eu le réflexe d’appeler les pompiers.
La découverte est macabre. Décédé d’une mort naturelle – probablement d’origine cardiaque – le malheureux gisait dans une marre de sang surplombée d’une nuée d’insectes. Sans doute s’était-il cogné dans sa chute. Et les fortes chaleurs estivales n’avaient pas épargné le cadavre, remis aux pompes funèbres.

« Ce qui nous inquiète, c’est la prolifération des bactéries »

Selon les constatations, le décès remonterait à début juillet. Un mois sans que personne ne réagisse vraiment. « On ne voyait pas son vélo, on pensait qu’il était parti aux vendanges », souffle un voisin. « Je suis allé toquer une fois à sa porte, c’était fermé. On n'a pas senti cette odeur tout de suite, c'est venu petit à petit », renchérit David, le fils de Blandine.
Socialement isolé, sans famille proche, financièrement à la peine, la victime vivait « de petits boulots, à droite et à gauche », selon Marie-Françoise, une amie à lui, et était par ailleurs appréciée de ses voisins. « C’était quelqu’un de discret et de serviable. Il adorait faire des photos. Je suis bouleversée. Et qu’il soit resté comme ça un mois, c’est indécent. Je n’arrive pas à y croire », ressasse-t-elle, en fixant une photo du défunt retrouvée par Blandine, sa voisine du rez-de-chaussée.
Tous sont éprouvés par le chagrin. Et tous se disent choqués par le manque de réactivité des autorités responsables. Car ce mercredi midi, trois jours après la découverte du corps, rien n’avait été nettoyé dans l’appartement ensanglanté. L’odeur de mort, insupportable, incontournable, s’est imprégnée partout.
« Qu’on nous laisse dans cette situation, c’est scandaleux. Ce qui nous inquiète aussi, c’est la prolifération des bactéries. Il doit y avoir encore plein de bestioles là-haut », tempête Blandine, soutenue par les habitants de l’immeuble. Trop incommodés, les voisins de palier du défunt sont allés dormir ailleurs.
« J’ai appelé la mairie mardi, ça n’a rien donné », glisse un commerçant de la rue, soumis lui aussi aux fameuses odeurs. « C’est incroyable. Moi, si ça arrivait dans mon immeuble, je retournerais ciel et terre », intervient un client de passage. « Vers qui doit-on se tourner ? », interroge Marie-Françoise, désemparée.
« C’est la première fois qu’on avait à gérer ce genre cas », s’excuse Didier Bessot, responsable de service à l’agence Pontim, chargée de la gestion de l’appartement, « personne ne nous a dit comment procéder. Il y a eu des hésitations, personne n’a voulu prendre de décisions concernant ce nettoyage. Un membre de sa famille m’a dit qu’il s’en occuperait, mais mardi soir, il n’y avait encore rien eu de fait. »
La police a finalement mis en demeure le propriétaire de l’appartement, représenté par Pontim : à lui de financer l’intervention. Une entreprise locale a donc été chargé de procéder à la nauséabonde mission, programmée ce mercredi après-midi. Un épilogue gênant, pour ce drame de la solitude.
« Tout ça, quand même, c’est triste », soupire Marie-Françoise. « Le pauvre. Il ne méritait pas ça

http://www.estrepublicain.fr/edition-haut-doubs/2015/08/12/odeurs-de-mort-a-pontarlier-suite-a-la-decouverte-d-un-cadavre-decompose-par-la-chaleur

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