C'est dans un silence pesant que la famille de Benoît Vautrin est entrée, hier vers 15h, sur la petite place centrale de Lempaut où tout un village s'était réuni pour assister aux obsèques d'un enfant du pays impliqué dans la vie locale. Sa mère et son épouse en pleurs, accablées par la douleur, devaient être soutenues par leurs proches pour atteindre leur place prévue au milieu de centaines de policiers en tenue et en civil, venus rendre un dernier hommage à leur collègue de 37 ans décédé vendredi dernier à Decazeville dans l'Aveyron lors d'un contrôle routier. «Victime de la bêtise criminelle d'un chauffard en excès de vitesse et sous l'emprise de produits stupéfiants», a rappelé Bernard Cazeneuve évoquant «une mort brutale d'une terrible injustice». «Le lieutenant Benoît Vautrin n'est pas tombé par hasard mais parce qu'il était policier», a ajouté le ministre de l'Intérieur qui avait souhaité être présent pour cette cérémonie afin de saluer la mémoire de cet homme, fils unique des anciens boulangers du village, marié à Élisabeth et père de Roxane qui aura bientôt un an et qui «n'aura pas la chance de grandir auprès de son père». «Policier est un métier où l'on prend son service chaque matin sans savoir quelle situation l'on devra gérer, où l'on est confronté au danger sur chaque mission, même les plus anodines. Un métier noble, de courage, d'abnégation pour le bien de tous et de la République. Benoît Vautrin avait fait le choix de cet héroïsme au quotidien», a continué le ministre évoquant la carrière «exemplaire» de ce policier, «un modèle à suivre» connu pour «sa profonde humanité, son humour et sa générosité».
Affecté en 2001 à la police de l'air et des frontières à Roissy, puis à la brigade anticriminalité à Paris en 2004 où il fut «l'un des piliers», Benoît Vautrin avait réussi à se faire muter à Decazeville en septembre dernier pour se rapprocher de sa famille et de son village tarnais. «Tu me disais pour me rassurer qu'il ne pouvait rien t'arriver à Decazeville, j'avais fini par te croire, a écrit sa femme dans une lettre lue par sa sœur à l'église hier. Quand je t'ai appelé le jour de ta mort, tu étais content de me dire que tu avais pu poser ta journée pour l'anniversaire de Roxane et que tu rentrais dimanche et que tu m'aimais».
«Victime du devoir dans l'accomplissement de la mission qui lui était confié», Benoît Vautrin a été cité à l'ordre de la nation et a reçu à titre posthume les insignes de chevalier de la légion d'honneur.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/04/17/2089043-deces-policier-aveyron-hommage-heros-quotidien.html
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