vendredi 27 mars 2015

«Maureen c'était mon rayon de soleil, ma fierté»

Maureen Jacquier a été tuée de nombreux coups de couteau le 27 février à Toulouse. Son père raconte sa fille de 19 ans qui réussissait tout ce qu'elle entreprenait.
Le vendredi 27 février, avec son épouse et sa dernière fille, Rodolphe Jacquier se réjouissait de retrouver Maureen, sa fille. Dans le petit appartement du chemin Tricou, à Toulouse, ce père a découvert son corps mutilé par de nombreux coups de couteau. Cet homme, toujours très marqué par le drame, a accepté de répondre à nos questions.
Vous vivez à Lyon. Comment Maureen est-elle venue s'installer à Toulouse ?
Rodolphe Jacquier : Maureen a toujours très bien travaillé. À l'école, c'était une bosseuse qui aimait les 18, les 20. Elle se donnait toujours les moyens d'atteindre ses objectifs.
Toulouse, c'est loin de Lyon…
600 km. Un soir, elle rentre à la maison et me dit, sérieuse : Papa faut que je te parle. Je veux faire de la mécanique. Je suis un ancien mécanicien. Je l'ai renvoyée dans sa chambre en lui disant de trouver autre chose !
Pourquoi ?
Ce métier n'est pas très bien payé, et le travail est rare. Mais Maureen n'était pas du genre à laisser tomber. Elle a effectué un stage, en troisième, à l'aéroport de Lyon-Satolas dans les équipes qui travaillent sur les avions. Déterminée, elle nous a dit : je veux réparer les avions.
Elle avait de la suite dans les idées.
Je n'étais pas très chaud, inquiet qu'elle trouve un emploi. Elle est revenue un soir avec un dossier d'Airbus. Elle m'a dit : à Toulouse, ils forment et après ils embauchent.
Elle a donc traversé la France.
Oui. Je lui avais dit de préparer son examen, qu'on verrait après. Elle s'est préparée sérieusement, à sa façon. Et elle a été admise. Elle avait 15 ans. Ensuite elle a enchaîné son CAP puis son bac professionnel.
Diplômée en juin, avait-elle déjà un contrat avec Airbus ?
Bien sûr. Elle travaillait sur la chaîne de l'A 330. Elle était fière et nous aussi.
Comment pouvez-vous nous décrire votre fille ?
Maureen, c'était un rayon de soleil, toujours souriante, avenante. C'était ma fierté. Sa capacité à réussir ce qu'elle entreprenait m'épatait.
Elle semblait contente de travailler chez Airbus.
Oui très contente. Une des dernières fois où nous nous sommes parlé, elle m'a dit : tu te rends compte, je n'ai pas encore 20 ans, j'ai un taf qui me plaît et je sais que je n'aurai jamais de souci pour travailler !
Sa vie à Toulouse lui convenait-elle ?
Quand, régulièrement, nous venions la voir ou qu'elle revenait à Lyon, elle se montrait toujours très positive. Maureen était toujours partante : courses, casse-croûte, soirée, elle disait toujours oui. Elle était à fond partout. Là elle avait commencé à prendre des cours pour passer son permis moto, des places pour aller écouter un concert d'AC/DC en mai…
Était-elle heureuse ?
Je le crois, je l'espère.
Et vous, comment vous sentez-vous ?
Comment… On se pousse pour y arriver. Faut arriver à mettre un pied devant l'autre. Y a pas de mot pour expliquer notre état, notre peine. C'est très dur.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/27/2075425-maureen-c-etait-mon-rayon-de-soleil-ma-fierte.html

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