mercredi 25 mars 2015

Autopsie d'une agression mortelle

Hier, la cour d'assises s'est longuement attardée sur le fond du dossier de vol avec violence ayant entraîné la mort de Valentin Rivié, un jeune Albigeois de 24 ans, tué le 1er juin 2012 d'un coup de bouteille à la tête. La présidente, Corinne Chassagne, a tenu à rappeler aux avocats et aux jurés que l'intention homicide n'était pas l'élément constitutif du drame. La cour a aussi consacré tout l'après-midi à entendre Romain, 24 ans, le témoin direct de l'agression du boulevard Carnot mais surtout les amis, proches et parents de Valentin. Avec, au bout, une seule question : Pourquoi lui ? Valentin, ce jeune qui rayonnait d'un charisme naturel, doux, affectueux, bien dans sa tête, méritait selon son prof principal du lycée Lapérouse, «Le prix de la camaraderie». Le lycéen a fait son chemin dans le monde de la photo et du cinéma, sa passion. «Tout le monde se souvient de lui sur les plateaux», explique à la barre un réalisateur qui l'a eu comme assistant. Valentin percutait vite et bien. Il avait cette «intelligence des autres», qui faisait de lui un compagnon hors pair.
Alors ce 1er juin, un peu après 3 heures du matin, de retour d'une fête bien arrosée sur les berges du Tarn, il est tombé, avec Romain, sur Farouk et Albert, le mineur presque majeur. Eux aussi avaient bu et fumé quelques pétards. Me Emmanuel Ravanas, avocat de la partie civile, a bien tenté de mettre en avant la préméditation de l'agression et du vol du sac à dos de Valentin. «Ils ont dit, en repérant les deux jeunes qui marchaient sur le trottoir du boulevard Carnot : On y va !» Mais l'officier de police judiciaire, qui relate les faits, rectifie le tir.
«Rien dans la procédure n'a permis de l'établir». Valentin leur a roulé une clope, offert le fond de sa bouteille de rhum. «Ils étaient cool et d'un seul coup ils ont changé», raconte Romain, gazé à la bombe lacrymogène pendant que Valentin était assommé d'un coup de bouteille à la tempe. Un coup violent, qui n'a laissé aucune trace apparente sur sa tête mais qui a causé des blessures irréversibles à l'intérieur. Une grosse fracture du crâne et des dégâts terribles sur le cerveau, précise à la barre le médecin légiste. Valentin a été déclaré en état de mort cérébrale le lendemain.
Alors, s'ils étaient restés 5 minutes de plus sur les berges ou devant la boîte, La 25e avenue à Albi, à taper la causette avec une copine. Et si Farouk et son copain avaient passé plus de temps à liquider leurs bouteilles de whisky, leurs chemins ne se seraient jamais croisés. Ces scénarios, Romain les a tournés dans tous les sens, des centaines de fois. Les accusés, aussi, sûrement.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/25/2073980-autopsie-d-une-agression-mortelle.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire