mercredi 22 octobre 2014

A Nice, le père sans abri menace de s'immoler à Côte d'Azur Habitat

Il réclamait un appartement pour sa famille, qui dormait dans la rue depuis le 20 septembre. Avec sa femme, ils sont en garde à vue. Leurs deux filles, de 9 mois et 2 ans, sont placées en pouponnière
Si une solution n'est pas trouvée, je vais chercher de l'essence et me suicider devant Côte d'Azur habitat » (CAH). C'est le cri que poussait Kalthoum Hadaji, 28 ans, une mère désespérée. Le regard déterminé se transforme. S'adoucit. « Je suis prête à tout pour que mes enfants aient un toit. Je ne supporte plus de les obliger à dormir dans la rue. En plus, elles sont malades. »
Une situation qui perdure depuis le 20 septembre. Un mois. Long. Trop long pour Aymen, 37 ans, qui ne supportait plus les cris mêlés aux pleurs de Donia, 2 ans, et Hajer, 9 mois. Alors, c'est lui, le père de famille, qui est passé à l'acte. Lui qui est allé chercher de l'essence pour s'en asperger. Lui encore qui a détruit la porte de CAH, 53 boulevard René-Cassin, mardi après-midi. Lui, enfin, qui a menacé de s'immoler par le feu… pour un toit.
« La vie n'a pas été tendre »
Et peu importe qu'on ait réussi à le maîtriser. À les placer tous deux en garde à vue pour « dégradations volontaires de biens privés en réunion. » L'espoir renaît enfin. Cet espoir qui avait disparu il y a deux ans. « J'ai toujours travaillé et rien demandé à la société. Mais j'ai vécu un divorce difficile, me suis remariée, mais mon mari, dont les papiers viennent d'être régularisés, ne pouvait pas trouver d'emploi. Ensuite, j'ai eu mes filles et je me suis occupée d'elles. Voilà, la vie n'a pas été tendre depuis », décrit Kalthoum.
Les pensées s'évadent du quotidien qui ne fait pas de cadeau. Les souvenirs affluent de ce temps plus clément. « J'étais coiffeuse. J'ai été formé dans la plus grande école. Je gagnais bien ma vie, 2 500 euros par mois. Mais tout s'est écroulé. »
Kalthoum est une accidentée de l'existence. Tout roulait pour elle jusqu'à cette sortie de route sans rémission possible. Le moteur de l'espoir grippé, il lui fallait quand même avancer. « Une amie nous a logés. Malheureusement, son mari est décédé. Il nous fallait quitter l'appartement. »
« J'ai de quoi payer mon loyer »
Retour à la case détresse. Pour la première fois de son existence, Kalthoum Hadaji tend la main. Pas en quête d'une pièce mais d'une aide si précieuse. « Une assistante sociale nous a secourus. Elle nous a permis de dormir à l'hôtel. Un mois et demi pour 1 200 euros. Elle a été géniale, mais les limites étaient atteintes. Alors, j'ai sollicité les politiques. Côte d'Azur habitat. On m'a promis un appartement. Je devais passer en commission au début du mois. Mais je ne veux plus entendre de bobards. Juste qu'on donne un toit à mes enfants. Même un studio. Et je perçois des prestations sociales, j'ai de quoi payer mon loyer ! »
En attendant, Kalthoum Hadaji sait qu'il lui faut retourner sur la promenade des Anglais. Dormir dans la rue. Mais que d'un œil. L'autre surveillera encore Hajer dans son lit d'infortune, une poussette brinquebalante. Donia, elle, cherchera autant la chaleur que le réconfort dans les bras de sa maman. Mais Aymen ne pouvait plus le supporter. Alors, il a eu ce geste inconsidéré. Insensé. Cependant, tous deux ont pu fermer l'œil mardi soir : Donia et Hajer ont dormi au chaud. Placées en pouponnière où des soins leur sont prodigués…

http://www.nicematin.com/nice/a-nice-le-pere-sans-abri-menace-de-simmoler-a-cote-dazur-habitat.1953960.html

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