"Ambiance délétère" ?
Quelles que soient les conditions de ces décès, l'une de leurs caractéristiques est particulièrement inquiétante. Ces trois décès se sont tous produits dans la même section de combat, qui s'est elle-même baptisée "les forbans". Une section est une unité de combat élémentaire dont l'effectif varie entre 30 et 40 hommes, commandés par un jeune officier assisté d'un sous-officier expérimenté. C'est la cellule de base d'un régiment d'infanterie.L'article de Ouest-France fait état de graves accusations sur l'ambiance "délétère" qui aurait régné au sein de cette section : "Des gars pètent les plombs, avec le stress, le manque de respect de certains sous-officiers qui utilisent de façon perverse leur grade, les insultes racistes. Ils jouent avec nous, avec les permissions, la notation, en nous punissant avec des tours de garde supplémentaires." Plus grave encore, des pressions physiques auraient été exercées : "Des chefs sont très bien mais certains cadres donnent des gifles, ils appellent ça des claques de bon fonctionnement."
"Un fond de rugosité"
La section des forbans avait vécu une très difficile mission en Afghanistan en 2009, y perdant cinq de ses soldats. Mais seule la première victime de cette vague de suicide avait participé à cette mission. Les deux autres, morts respectivement en juillet 2013 et le 28 août 2014, étaient partis en Opex (opérations extérieures) au Mali, où ils n'avaient pas participé aux opérations de combat, puisqu'ils étaient affectés à la garde de l'aéroport de Bamako. Tous avaient été entendus à leur retour par les services médicaux, qui n'avaient pas suspecté de stress post-traumatique.Le chef du service d'information de l'état-major de l'armée de terre, le colonel Bruno Louisfert, nous a fait savoir mardi matin que le colonel Hervé Pierre "pris par ce dossier" n'est pas disponible pour un entretien. Le chef de corps a déclaré à Ouest-France : "Je veux bien entendre que tout n'est pas rose dans les unités. Il y a un fond de rugosité dans les relations qui peuvent être difficiles. Mais j'ai un peu de mal à faire le lien avec les suicides."
Le Drian au parfum
Sur les accusations de mauvais commandement, voire de sévices, rapportées par le quotidien régional, le colonel Bruno Louisfert dit tomber des nues : "Je découvre ces accusations, qui sont à ce stade des allégations anonymes. Je ne dis pas qu'elles ne seraient pas fondées, mais que je ne sais pas si elles sont vraies. Tous les moyens ont été pris pour tirer cette affaire au clair, car les accusations évoquent des faits contraires à tout ce que l'armée de terre enseigne à ses cadres officiers et sous-officiers."
Le 3e RIMa est un régiment particulier. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, élu morbihannais, a toujours eu pour lui les yeux de Chimène. On peut conjecturer de ce seul fait que le dossier a reçu un accueil ministériel particulier et que cette affaire va être suivie de très près.
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