vendredi 26 septembre 2014

L’émouvant hommage à Hervé Gourdel

Ils sont des centaines à marcher dans un silence de plomb, seulement peuplé par leurs sanglots étouffés et par le bruit de leurs pas. Ce jeudi soir, à Saint-Martin-Vésubie, toute une région est là, rassemblée pour répondre par la dignité à la barbarie et au fanatisme. L’hommage à Hervé Gourdel, ce guide de haute montagne du Mercantour assassiné par un groupe de djihadistes algériens, est aussi une révolte, une colère : « Il n’y a pas de mots pour exprimer ce que nous ressentons. Voilà pourquoi il faut défiler en silence », dit une habitante. Sur la place de la mairie inondée de soleil, hier matin, le maire, Henri Giuge, a eu des mots très forts après avoir déposé devant le bâtiment municipal deux registres de condoléances : « Même si ces terroristes ont volé la vie d’Hervé, son âme restera toujours dans nos montagnes, ces montagnes du Mercantour qui le passionnaient tant ». Il a expliqué aussi qu’il avait reçu des dizaines de SMS en quelques minutes lorsque l’onde de choc du décès d’Hervé s’est répandue : « Une dame de Nice que je ne connaissais pas m’a appelée en pleurant ».

« De la colère »

Ellena, la soixantaine, habite à côté du bureau des guides « Escapades », fondé en 1987 par Hervé Gourdel et d’autres professionnels. Le hasard a voulu qu’elle s’avance la première pour écrire quelques mots sur l’un des registres, hier matin. Ces mots furent au nombre de trois : « De la colère ». « Comment imaginer la souffrance de cette famille ? C’est inconcevable. Hervé a eu le seul tort de vouloir découvrir d’autres montagnes, dans un autre pays, ailleurs que dans le Mercantour », a-t-elle expliqué ensuite.
Hier soir, lorsque les camarades lycéens d’Erwann, le fils d’Hervé, ont lentement descendu la rue principale pour rejoindre le rassemblement, le sang de la foule s’est figé. Ils venaient de parcourir les 2 h 30 de marche qui sépare leur établissement, situé à Valdeblore (lire par ailleurs) de Saint-Martin, et maintenant, ils entraient en pleurs dans le centre du village en levant bien haut leurs banderoles de soutien à Erwann et à sa famille. Accueillis par les élus régionaux – le maire de Nice Christian Estrosi, le député Eric Ciotti et l’élu marseillais Patrick Menucci – ils se sont ensuite glissés dans le cortège qui allait rejoindre le bureau des guides et observer de longues minutes de silence devant la porte.
Au terme de la marche silencieuse, deux hommes se sont retrouvés sur la place, main dans la main : Abdelkader Beneddine, imam à Nice, et André Marceau, l’évêque de Nice. « Je suis ici pour montrer ma solidarité vis-à-vis de la famille d’Hervé Gourdel et pour dire que l’Islam est une religion de paix et d’amour », a déclaré le premier. « Un acte qui porte le mal a été perpétré par des gens qui se réfèrent à Dieu. Nous, nous sommes là pour dire que les hommes de bonne volonté doivent porter un message de paix, de dialogue, et de tolérance », a expliqué le second.
Toute la journée d’hier, les hommages à Hervé Gourdel se sont multipliés, dans le Mercantour comme ailleurs. À Chamonix par exemple, où les guides se sont rassemblés.
À Saint-Martin, alors que la nuit commençait à tomber, les rues se sont vidées. Demain et après-demain, le Mercantour devra continuer à vivre avec le lourd fardeau de la douleur, quand les journalistes seront partis et que l’émotion nationale se sera dissipée.

http://www.ledauphine.com/faits-divers/2014/09/25/l-emouvant-hommage-a-herve-gourdel-l-emouvant-hommage-a-herve-gourdel

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