mercredi 25 juin 2014

Mort d’un cycliste : l’automobiliste est relaxé

Le 6 septembre dernier, le soleil n’était pas encore levé et Gérard, comme chaque matin, se rendait au travail en voiture. Sur la même route, dans le même sens, quelques hectomètres plus loin, Patrick en faisait de même sur son vélo. À hauteur de Thillois, le premier a percuté le second par l’arrière. L’instant d’après, Patrick était mort. Et Gérard s’est retrouvé accusé d’homicide involontaire.
La collision mortelle s’est produite dans une ligne droite. Gérard, 54 ans et aucun antécédent judiciaire, n’avait consommé ni alcool ni stupéfiants. Les phares de son véhicule étaient allumés. En revanche, aucune lumière n’éclairait le vélo de la victime, décédée après avoir heurté violemment le pare-brise de Gérard.
À la barre du tribunal correctionnel de Reims, hier après-midi, le quinquagénaire a réitéré sa version d’une voix sourde : « Je n’ai pas vu la victime, je n’ai pas eu le temps de freiner. J’ai entendu un bruit… impressionnant. Je me suis arrêté, j’ai parlé à l’homme qui se trouvait au sol. Il ne répondait pas. J’ai appelé les pompiers… Je crois qu’il est mort très vite. »

Le parquet avait requis
un an de prison avec sursis

À ses mots, une femme blonde, assise au premier rang, pleure en silence, dévorée d’une douleur contenue à grand-peine : la sœur de la victime.« La seule famille qui lui restait », précisera son avocat. Dans ces dossiers d’accidents mortels, les faits sont toujours aussi simples que l’issue dramatique.
L’avocat de la sœur de la victime replonge dans les procès-verbaux du prévenu. Juste avant la collision, celui-ci expliquait avoir « très légèrement serré sur sa droite » à la vue d’un « poids lourd arrivant en sens inverse ». « On n’a jamais pu vérifier la présence de ce poids lourd ! » accuse l’homme en robe sans pour autant apporter de nouvel élément.
Aucun doute, en revanche, pour la substitut du procureur : « Ce matin-là, la conduite du prévenu n’a pas été appropriée. » Un an de prison avec sursis est requis contre Gérard ainsi que deux ans d’annulation de son permis de conduire. L’avocat de la défense plaide la relaxe, rappelant ce qu’avait dit un gendarme à celui-ci à l’issue des premières constatations : « Vous étiez au mauvais endroit, au mauvais moment. » Pour la sœur de la victime, c’est une nouvelle onde de choc.
À l’issue du délibéré, Gérard est relaxé : aucune faute pénale n’a pu être établie.
Il devra toutefois verser 20 000  euros de dommages et intérêts à la sœur de la victime. En larmes, celle-ci se presse de sortir de la salle d’audience sans croiser le regard parfaitement désolé de Gérard.

http://www.lunion.presse.fr/accueil/mort-d-un-cycliste-l-automobiliste-est-relaxe-ia0b0n368400

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