mercredi 23 avril 2014

Accident mortel de tram à Bordeaux : le père de la victime dépose une nouvelle plainte

Il ne fait pas ça pour l'argent ni en désespoir de cause. C'est un cri d'alarme. Il veut juste éviter à d'autres parents de perdre un enfant dans de telles circonstances. Mardi matin, Lucien Facchino a déposé une plainte avec constitution de partie civile pour homicide involontaire auprès du doyen des juges d'instruction de Bordeaux. Contre X.
Il veut que la justice recherche si quelqu'un, personne physique ou morale, a, « par une violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, ou par la commission d'une faute caractérisée et qui exposait autrui à un risque d'une particulière gravité qu'il ne pouvait ignorer, involontairement causé la mort » de sa fille Juliana.
Le 4 novembre dernier, en plein milieu d'après-midi, la jeune fille avait été heurtée par un tramway de la ligne B puis happée et coincée sous la rame de tête, à hauteur du 60, cours Pasteur à Bordeaux. Elle n'avait à l'évidence ni vu ni entendu le tram à l'approche. L'étudiante de 24 ans n'avait pas survécu à ses blessures.
« Des témoignages racontent le calvaire vécu par la victime avant qu'elle ne rende son dernier souffle », souligne son avocat Me Christophe Cariou-Martin. C'était le dixième accident mortel depuis la mise en service du tramway bordelais en décembre 2003.
Classée sans suite
Une première plainte adressée au procureur de la République a été classée sans suite en février. Motif : « Infraction insuffisamment caractérisée ». La décision a choqué Lucien Facchino. « Il ne supporte pas qu'on mette cet accident sur le compte de la fatalité », fait valoir son avocat.
Pire, le père éploré n'a pas apprécié que Kéolis réponde à cet accident par une campagne sur… la vigilance des piétons.
D'après les statistiques de l'exploitant de TBC, les erreurs de comportement, comme le franchissement d'un feu rouge, la marche sur la plateforme, les traversées intempestives, l'attention détournée par un casque ou un téléphone, seraient en effet à l'origine de la grande majorité des accidents survenus ces dernières années. « C'est comme si on lui disait que c'est sa fille qui avait commis une imprudence ! », traduit le conseil. Me Cariou-Martin déplore les carences de l'enquête et souhaite en fait obtenir des investigations plus poussées qui, peut-être, établiraient l'existence de fautes caractérisées de nature à engager une responsabilité.
« Sécuriser davantage »
L'avocat pointe du doigt l'absence de barrière ou de garde-corps permettant à cet endroit de guider les piétons vers une zone sécurisée, la vitesse du tramway sur cette aire piétonne, l'aspiration de la victime sous le tramway en l'absence de jupe de protection ou du fait de l'inefficacité du système de chasse-corps devant empêcher tout corps étranger de glisser sous la rame et les essieux. « Autant d'éléments qui, au vu de précédents accidents survenus et des mesures correctives existant dans d'autres communes, ne pouvaient être ignorés », accuse l'avocat.
Lucien Facchino a volontairement attendu la fin de la campagne pour les municipales et l'issue des élections pour déposer cette plainte avec constitution de partie civile. Il ne voulait pas de récupération politique de son malheur. « Il veut juste qu'on recherche vraiment les responsabilités dans ce drame. Pour que soient mis en œuvre des moyens nouveaux pour sécuriser davantage ce transport en commun », plaide déjà Me Christophe Cariou-Martin.
Le père n'exclut pas d'agir en responsabilité au civil devant le tribunal de grande instance et le tribunal administratif de Bordeaux pour les carences en matière de sécurité.

http://www.sudouest.fr/2014/04/23/une-plainte-deposee-apres-l-accident-1533043-2780.php

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