samedi 23 novembre 2013

Suicide d'un détenu en semi-liberté à Bayonne : ses proches accusent la prison

Au Centre de formation de l’Afpa, Olivier M. (1) était un stagiaire parmi d’autres. Sauf qu’à la fin de sa journée de cours, il ne rentrait pas chez lui. L’étudiant en comptabilité poussait les lourdes portes de la maison d’arrêt de Bayonne où il redevenait un détenu parmi d’autres. Un détenu en semi-liberté.
Mais le 22 septembre dernier, ce Lyonnais de 32 ans ne regagne pas sa cellule. Le vendredi suivant, son corps sans vie est retrouvé dans l’Adour.

« Il a choisi de se suicider par noyade, comme un homme libre. Entre quatre murs, il avait certainement peur de ne pouvoir aller jusqu’au bout de son geste », tente d’expliquer Me Mathieu Oudin. Hier, l’avocat du jeune homme a voulu dénoncer la part de responsabilité de l’administration pénitentiaire dans ce drame qui reflète les carences du régime de semi-liberté : manquement au niveau de l’accompagnement humain et sévérité du règlement interne de la prison.
L’avocat décrit Olivier M. comme un fils de bonne famille ayant commis un homicide à l’âge de 19 ans et condamné pour cela à 18 ans de prison.
Après une décennie passée dans une cellule du centre de détention de Muret (Haute-Garonne), il demande un aménagement de peine. « Derrière les barreaux, il s’était lié d’amitié avec des Basques. C’est pour cela qu’il avait choisi Bayonne pour se réinsérer. »
Le centre de semi-liberté est une aile de la maison d’arrêt. Les prisonniers en fin de peine sont censés y préparer le retour à l’autonomie et à la liberté. « Sauf que ce centre, comme beaucoup d’autres - il existe 760 places en France réparties sur 11 sites -, n’est pas adapté au régime de ces prisonniers », constate amère Gabi Mouesca, ex-président de l’Observatoire international des prisons (OIP). « On a juste changé l’étiquette. Mais ce sont les mêmes bâtiments et le même règlement absurde », critique l’ancien prisonnier.
Au bout de douze années de détention, Olivier M. ne supportait plus le climat carcéral. La promiscuité d’une cellule partagée avec un inconnu. Pis, l’humiliation des fouilles intégrales, trois fois par semaine. Alors que le caractère systématique de ces contrôles est interdit depuis novembre 2009. L’administration pénitentiaire a d’ailleurs été condamnée pour cela en juillet dernier par le Tribunal administratif de Pau.
« D’autre part, la juge d’application des peines lui avait signifié que s’il n’avait pas de CDD ou de CDI avant novembre 2013, il retournerait en prison. Pour quelqu’un qui a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux et n’a connu sa première expérience professionnelle qu’à 32 ans, c’est terrible à entendre », assène Me Mathieu Oudin. L’ultimatum de trop, sans doute.
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté a été saisi. Pour l’instant, la famille ne souhaite pas porter plainte mais attend des explications de l’administration pénitentiaire.
(1) Sa famille n’a pas souhaité communiquer le nom de famille du jeune homme.
http://www.sudouest.fr/2013/11/23/les-carences-du-regime-de-semi-liberte-1237854-4018.php

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