vendredi 22 novembre 2013

Incendie à Valentigney : le doyen de l’Aéro-club entre la vie et la mort

Crash à l’atterrissage, coup de couteau dont il réchappe par miracle, accident de voiture et courage dans des conditions extrêmes, le nonagénaire a souvent côtoyé la mort. Félix Chantreuil, 94 ans, a été retrouvé inanimé, hier soir, dans son appartement de Valentigney. Son pronostic vital est engagé.
Un corps allongé dans le salon avec une sérieuse blessure à l’arrière de la tête. « Le pronostic vital de la victime est engagé », confie le capitaine Frédéric Puel, qui dirige les quelque 25 pompiers sur le pont, hier soir, au n° 30 du lotissement Pézole à Valentigney.
Il est 16 h 44, quand le centre opérationnel d’incendie et de secours (CODIS) du Doubs est alerté. Un incendie est signalé au premier niveau d’un bâtiment en comportant quatre. « Quand nous sommes arrivés, une épaisse fumée noire se dégageait du balcon », détaille un soldat du feu.
Une lance est installée, à l’extérieur de l’immeuble, pour combattre le sinistre. Une autre sera nécessaire pour éteindre le brasier, à l’intérieur.

« Ça me fait mal au cœur »

L’origine de l’incendie reste à déterminer. Toujours est-il que le feu s’est cantonné à l’appartement occupé depuis une quarantaine d’années par Félix Chantreuil, ancien taxi à Audincourt et aviateur depuis plus de sept décennies.
À 94 ans, il est le doyen des aviateurs de l’Aéro-club du Pays de Montbéliard (lire l’encadré). Une passion et des ailes éternellement chevillées à son corps comme en atteste sa pratique assidue. Régulièrement, il vole dans son Jodel D18, un appareil classé dans la catégorie des ULM.
Lors de ces sorties, il est accompagné de Fred Petit. « On a dû voler ensemble il y a moins de quinze jours. Félix est conscient de ses limites et il a besoin de quelqu’un pour aller avec lui. Je vais aussi régulièrement le voir chez lui. La nouvelle que vous m’apprenez me fait mal au cœur », dit l’instructeur dont l’école est basée sur la plateforme de Courcelles-lès-Montbéliard.
Félix Chantreuil, sujet à des pertes d’équilibre, a-t-il chuté et sa pipe est-elle à l’origine de l’incendie comme d’aucuns le suggéraient ? C’est l’une des questions à laquelle tenteront de répondre les enquêteurs, présents sur les lieux.
Tandis qu’ils luttent contre le feu, les pompiers font également évacuer la dizaine d’occupants de l’immeuble, réunis au centre de loisirs de Pézole, le temps de procéder aux nécessaires opérations de ventilation et de vérifications. « On a relevé des traces de monoxyde de carbone au niveau des combles », indique le capitaine Puel. Le nonagénaire lui est en chemin vers l’hôpital de Montbéliard.
« Félix a connu de sacrés soucis. À un moment, il ne pouvait plus marcher et il s’est rétabli. C’est quelqu’un qui a un moral incroyable et qui a horreur des hôpitaux », note Fred Petit. Une force de caractère dont il risque d’avoir sérieusement besoin…
« C’est pas vrai ! » Édouard Mihaly tombe des nues en apprenant la nouvelle. La mémoire vivante de l’Aéro-club du Pays de Montbéliard (dont il vient d’écrire l’histoire) rafraîchit ses souvenirs.
« Félix, c’est un homme qui a connu tellement de pépins au cours de sa vie. Avec un nombre incalculable d’accidents dont il s’est toujours sorti. Et il fallait l’entendre les raconter. C’était un conteur hors pair ! Un jour, il prend un coup de couteau et sa vie est miraculeusement sauvée grâce à son portefeuille. Une autre fois, il se fait renverser par une voiture à Pontarlier.
Je me souviens aussi de ce fameux crash qu’il a vécu à l’atterrissage, sur le terrain de Courcelles au début des années 80 avec l’avion de course qu’il venait d’acheter. Dans sa vie, il a dû comptabiliser une quinzaine d’appareils. Un vrai passionné ! »
Édouard Mihaly évoque aussi cette tragique Ascension 1961. Une journée noire au cours de laquelle Jean Traget, alors moniteur au club, se tue. « Félix a été le seul à avoir le courage d’aller ramasser la dépouille. Il fallait du cran pour ça. Il est passé au travers de tellement d’épreuves… »
En espérant que celle d’hier connaîtra le même heureux dénouement que les précédentes.

http://www.estrepublicain.fr/faits-divers/2013/11/22/le-doyen-de-l-aero-club-entre-la-vie-et-la-mort

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