Épaule fracturée
« Cinq jours avant de se faire attaquer », se souvient l’un de ses petits-fils, « elle avait participé à une fête de famille avec toutes les générations réunies. Elle était dans une forme rayonnante. Ma grand-mère était une personne autonome, en pleine possession de ses moyens. Jusqu’à ce qu’elle croise ces deux individus. »Ce 14 juin, vers 15 h 30, Alice Devie revenait de faire ses courses au petit centre commercial de la place Jean-Moulin. Elle s’est assise sur un banc de l’allée du Tyrol. Deux adolescents l’ont repérée. L’un d’eux s’est installé à ses côtés, puis l’a suivie quand elle a repris son chemin en s’aidant de sa canne. Elle n’a eu le temps que de faire quelques pas.
Les deux malfaiteurs se sont rués sur elle pour lui arracher son sac à main, avec une telle violence qu’elle en a été projetée à terre. Butin dérisoire – un peu de monnaie – pour des blessures dramatiques : le visage et un œil tuméfié, mais surtout une épaule fracturée.
Après avoir hésité, de peur qu’elle succombe au choc opératoire, les chirurgiens l’ont opérée quatre jours plus tard. « Elle a eu le bras bloqué par une attelle pendant un mois et demi. Elle qui était autonome était devenue dépendante. Elle ne pouvait plus rien faire », dénonce son petit-fils. « C’est sur son lit d’hôpital qu’elle a eu 98 ans, le 17 juillet. En septembre, elle a été rapatriée à la maison de retraite mais elle n’a pu y rester qu’une dizaine de jours. Elle a dû retourner à l’hôpital, pour ne plus jamais en sortir. »
L’enquête menée par le commissariat de Reims avait permis d’arrêter les deux auteurs présumés de l’agression quelques heures seulement après les faits. Domiciliés dans leur quartier où leur réputation n’est pas très flatteuse, ils furent mis en examen pour « vol avec violence » puis placés en foyer, l’un à Epernay, l’autre à Charleville-Mézières.
Les suites tragiques de l’affaire changent la donne judiciaire. Si le juge d’instruction retient la causalité entre l’agression et le décès de la nonagénaire, le délit sera requalifié en crime.
Trop jeunes
pour les assises
Pour un « vol avec violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner », la peine maximale encourue pour un majeur est la perpétuité mais à Reims, les deux garçons sont même beaucoup trop jeunes pour relever de la cour d’assises des mineurs (qui ne juge qu’à partir de 16 ans).L’aîné – 13 ans – dépendrait du tribunal pour enfants statuant en matière criminelle, avec le bénéfice automatique de « l’excuse de minorité » qui ramène le maximum encouru à vingt ans.
Quant au plus jeune, 12 ans, un âge où l’on sort à peine de l’enfance, il ne peut faire l’objet que de mesures éducatives.
http://www.lunion.presse.fr/region/elle-meurt-apres-un-vol-a-l-arrache-ia18b0n244533
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