jeudi 19 septembre 2013

Tarbes. Il était mort écrasé sous une grue

C’est le procès d’un accident tragique qui a lieu au tribunal correctionnel de Tarbes : le 9 décembre 2008, la flèche d’une grue s’écrase sur un homme qui décède sur le coup. Quelques heures plus tôt, au petit matin, un camion de la société Avilog, qui transporte 800 canards vivants, glisse et bascule dans le fossé, chemin de Menjoutet à Puydarrieux. L’entreprise du chauffeur envoie sur place son mécanicien et l’entreprise Castellini, qui dépêche un camion élévateur et l’un de ses grutiers. Alors qu’il commence à relever le camion, la grue se renverse et sa flèche vient s’écraser sur le mécanicien de la société Avilog, Olivier Lalin, 38 ans, père de trois enfants. C’est le grutier qui est le principal mis en cause avec, à un degré moindre, son employeur, représenté par Serge Castellini. «Cet accident aurait pu être évité. Des fautes ont été établies à votre encontre dans l’installation de cette grue», affirme la présidente du tribunal. Alors que le chemin étroit ne permettait pas de mettre en place les quatre stabilisateurs obligatoires, le grutier a fait le choix très risqué d’en installer un seul et d’empiler des cales pour stabiliser l’engin sur un sol fragilisé. Mieux : il a forcé la manœuvre en enregistrant de fausses données informatiques et en désactivant le système de sécurité de surcharge. Tout cela sans faire respecter le périmètre de sécurité. Résultat : la grue n’a pas résisté au poids du camion et sa flèche s’est écrasée sur le malheureux mécanicien. «On a l’impression que vous avez fait ce dépannage dans l’urgence sans réfléchir aux conséquences», lui lance la présidente Gadoullet. «Cela fait cinq ans que ça me hante. J’ai fait une connerie et je l’assume», lui répond, abattu, le grutier qui lui-même a été éjecté de l’engin avant de perdre connaissance et d’entamer une longue période d’arrêt maladie. Mais la responsabilité de l’entreprise est également évoquée par le tribunal d’autant qu’un précédent accident, en 2007, impliquait le même type d’engin et le même employé, heureusement sans conséquences mortelles. «L’entreprise Castellini n’a pas suffisamment évalué la situation sur le terrain et adapté le matériel et le personnel en conséquence, souligne l’avocat du grutier Me Sagardoytho. Le pouvoir de subordination et d’injonction de l’entreprise ne l’autorise pas à se dissimuler derrière le petit doigt de son employé. L’entreprise a foulé un certain nombre de prescriptions».
Défenseur de Castellini, Me Harold Alos tente au contraire de minimiser la responsabilité de l’entreprise qui aurait bien formé son employé et ne lui aurait mis aucune pression.
Pour l’avocat de la famille de la victime, «la mort tragique de ce mari et ce père adoré n’aurait pu être envisagée dans leurs cauchemars les plus fous. Il ressort un concours de manquements graves» de la part de l’employé mais aussi de son entreprise.
Considérant que le grutier est le principal responsable de cet accident, le vice-procureur de la République François Jardin requiert à l’encontre du grutier une peine de 18 à 24 mois de prison avec sursis et une simple amende pour l’entreprise Castellini. Le tribunal a prononcé une peine de 24 mois de prison avec sursis à l’encontre du grutier et a infligé 30.000 € d’amende dont 15.000 avec sursis à l’entreprise Castellini et ses fils

http://www.ladepeche.fr/article/2013/09/19/1711977-il-etait-mort-ecrase-sous-une-grue.html

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