mercredi 31 juillet 2013

Drame familial à Toulouse : «Une telle violence était inimaginable»

Le 22 juillet Bassel Yassine a été assassiné à Toulouse, sa femme grièvement blessée, sa fille également. Le frère aîné a reconnu sa responsabilité. Trois autres frères témoignent.
Trois hommes dignes, partagés entre douleur et colère. Trois frères, installés en France depuis plus de 25 ans, pleurent Bassel, un frère aimé, assassiné le 22 juillet et dont les obsèques sont célébrées aujourd’hui à Toulouse. Trois frères qui condamnent Icham, 62 ans, l’aîné, le suspect. «L’assassin parce que ce n’est pas un accident», disent-ils. «Nous avons perdu deux frères : celui qui a perdu sa vie et celui qui a perdu son honneur».
Ces trois frères ont accepté de témoigner. Pour «éviter les interprétations», pour défendre Bassel «si généreux, si gentil» pour dénoncer aussi Icham «difficile, excessif. Nous le connaissions, nous savions nous adapter. Enfin, on le croyait…»
La famille a grandi dans un Liban secoué par la guerre civile. Icham fait des études d’architecture, trois de ses frères se tournent vers la médecine. «J’ai étudié à Bordeaux. Mes frères m’ont suivi», annonce le précurseur. Un soigne toujours en Arabie Saoudite. Les autres ne sont jamais repartis. «Nous sommes Français», sourient-ils. Le dernier est éducateur. Il travaille aussi en Lot-et-Garonne.

"L’aîné, dans notre culture, c’est important"

«Bassel était un pédiatre très compétent. Il a étudié à Montpellier puis travaillé en Arabie Saoudite.» À cette époque, les affaires du grand frère architecte installé lui aussi aux pays des pétrodollars tournent mal. L’heure n’est plus aux palaces, plutôt aux dettes. «Il n’a jamais su trop gérer. Ni ses succès, ni ses déboires», regrettent ses frères. Bassel ouvre sa maison. «Nous l’avons toujours aidé. L’aîné, dans notre culture, c’est important». L’architecte retourne au Liban mais les mauvaises affaires s’accumulent. «Avec nos parents, il n’a pas toujours été très honnête».
Pourtant, les bras restent ouverts. «Nous avons insisté pour qu’il vienne en France avec sa famille. Il a vécu en temps avec nous en Lot-et-Garonne puis il est parti à Nice». Quoi faire ? Les frères avouent ne pas le savoir. «Des projets mais cela n’a jamais trop marché. On a continué à l’aider». À force, les liens se tendent. La mort des parents au début des années 2000 n’arrange rien. «Certaines choses ne sont simplement pas acceptables», clos un des témoins.
Les frères ont essayé «de tout mettre à plat», voilà deux ans. «Cela s’est mal passé. Icham est assez excessif. Du moins en parole». La brouille est consommée. Définitive ? «Nous, on n’y croyait plus, disent les deux médecins. Bassel un peu. Il voulait essayer». «Quand on a su qu’il était à Toulouse, j’avais un mauvais pressentiment», admet le cadet. «Des cris, une dispute de plus ? Sans doute. Mais Bassel était diplomate. Une telle violence était inimaginable. Jamais, malgré tous nos conflits, nous en sommes venus aux mains. Comment a-t-il pu faire ça ?» La question obsède. La culpabilité aussi : «Comment j’ai pu laisser seul Bassel, se torture un des trois frères. Déjà le samedi, sa femme était inquiète. Mais je pensais que… Tout ça, ce n’était pas imaginable !»

http://www.ladepeche.fr/article/2013/07/31/1681500-drame-familial-a-toulouse-une-telle-violence-etait-inimaginable.html

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