mardi 25 juin 2013

Erreur médicale à Metz : deux chirurgiens coresponsables

Une chance sur deux. Jérôme, 27 ans, originaire de Briey, avait une chance sur deux de survivre, lorsqu’il a été admis en urgence à Claude-Bernard, le 12 septembre 2004, sans les fautes commises par deux chirurgiens de la clinique messine, condamnés, jeudi, par la justice civile.
La décision clôt – sauf appel – le marathon judiciaire dans lequel ses parents se sont lancés depuis la mort de leur fils, le 15 septembre 2004. « C’était le pot de terre contre le pot de fer, donc nous sommes soulagés », explique Ginette, sa mère, installée aux Baroches (Meurthe-et-Moselle).
Dans son jugement, la première chambre civile du tribunal de grande instance de Metz insiste : « S’il n’est pas établi que des soins administrés à temps eussent guéri le patient, l’absence ou le retard fautif de diagnostic ou de traitement […] relèvent de la perte de chance, laquelle est sérieuse dans le cas d’espèce ».
Retards, erreurs de jugement, mauvais diagnostic : tout est allé de travers ce 12 septembre 2004 pour Jérôme, 174 kg pour 1,78 m. Un mois et demi plus tôt, un chirurgien spécialiste de chirurgie digestive lui avait implanté un by-pass [court-circuit, NDLR] gastrique pour traiter son obésité morbide. Mais ce jour-là, le jeune homme ressent une douleur terrible, « comme un coup de poignard ».
Transporté par les pompiers à l’hôpital Maillot, à Briey, il est transféré à la clinique Claude-Bernard. Pris en charge par le chirurgien de garde, il est placé en réanimation, gavé d’anti-douleurs, jusqu’au lendemain matin où son chirurgien découvre, bien trop tard, l’ampleur des dégâts : souffrant d’une péritonite, Jérôme décède d’une « défaillance multiviscérale ». « Si celui qui l’avait opéré s’était déplacé et avait fait réaliser un scanner dès son arrivée le soir, il pourrait encore être vivant. Dans son état – une possible péritonite –, il aurait dû être traité en 6 ou 8h. Il n’a été réopéré que onze heures plus tard », déplore l’avocat de sa famille, Me Marc Baerthelé, qui a obtenu environ 60 000€ d’indemnisation pour ses proches.

« Sauter par la fenêtre »

La réparation prend en compte l’extrême souffrance de Jérôme, qui a enduré des douleurs si fortes qu’il a dit vouloir « se jeter par la fenêtre » vers 0h30, avant de recevoir une nouvelle dose de morphine. Celle-ci aura, in fine , surtout masqué la cause réelle de ses maux. « Les manquements relevés à l’encontre des docteurs X et Y […] ont eu de lourdes conséquences pour Jérôme Baudouin […] à l’origine d’une perte de chance de survie de 80 % », avait même estimé le rapport du professeur lyonnais Christian Gouillat, expert près la Cour de cassation. Le tribunal a finalement ramené leurs responsabilités à 50 %, réparties à égalité entre les deux praticiens fautifs. « J’attends l’avis de la compagnie d’assurance pour décider de la suite », a expliqué, hier, Me Jean-Claude Ohlmann, avocat de l’assureur du médecin de garde. Me Georges Lacœuilhe, avocat du chirurgien qui a réalisé l’opération adéclaré que « le tableau clinique n’était pas suffisant clair pour réopérer immédiatement. Nous n’avons pas encore décidé si nous faisions appel ou non ». Ginette, la maman de Jérôme, poursuivra son combat : « E t nous irons aussi loin que nécessaire pour sa mémoire ».

http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2013/06/25/erreur-medicale-deux-chirurgiens-coresponsables

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