mercredi 22 mai 2013

Bar-le-Duc : Marche blanche pour Agnès

Agnès aurait 31 ans aujourd’hui. Elle serait sans doute fière de son petit garçon, Benjamin, 10 ans, scolarisé en CM2 à l’école de Tréveray. Mais Agnès n’aura jamais cette chance. La jeune maman, 20 ans, est décédée quelques heures après un accouchement difficile, le 5 octobre 2002, au service de gynécologie-obstétrique du centre hospitalier de Bar-le-Duc.
Son mari, Stéphane Hocquet, et toute sa famille, ont toujours voulu savoir ce qui s’était passé ce soir-là. En saisissant la justice, en qui ils avaient pleine confiance. L’instruction de ce douloureux dossier a duré presque dix ans. Pour finalement déboucher sur le renvoi du médecin-anesthésiste devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc, où ce dernier devait répondre d’homicide involontaire. Les deux gynécologues présents ce soir-là ont bénéficié d’un non-lieu.
En rendant son délibéré le 16 octobre 2012, le tribunal barisien a relaxé le prévenu, pourtant mis en cause par deux des trois collèges d’experts qui avaient pointé du doigt, dans leurs conclusions, la « prise en charge tardive de la patiente », décédée à 21 h 40 des suites d’une hémorragie interne. Premier choc pour la famille Hocquet-Simonin, qui saisit alors le procureur de la République Yves Badorc, seul compétent pour relever appel de la décision. Une voie choisie par ce dernier, compte tenu de la nature très sensible de l’affaire.
Pourvoi en cassation et procédure administrative contre l’hôpital de Bar-le-Duc
La sérénité renaît lors du deuxième procès devant la cour d’appel de Nancy, le 6 mars dernier. D’autant que la parquetière, contrairement à sa collègue de Bar-le-Duc, qui n’avait requis aucune peine, requiert 12 mois de prison avec sursis et 10.000 € d’amende à l’encontre du médecin-anesthésiste, qui a toujours martelé « avoir fait son métier sans négligence ».
Le coup de poignard survient le 10 avril au moment du délibéré qui confirme la décision initiale, la relaxe du prévenu. Motivation de l’arrêt : « eu égard à l’état des connaissances médicales au moment de l’intervention, il n’existe pas d’éléments suffisants pour démontrer l’existence d’éléments constitutifs du délit d’homicide involontaire ».
L’incompréhension est totale pour la famille d’Agnès, comme pour leur avocat nancéien, Me Claude Bourgaux. « Aujourd’hui, on n’a toujours pas compris, c’est dur à avaler. Il y a une faille quelque part, c’est sûr… », confie Stéphane Hocquet.
Pour honorer la mémoire de son épouse Agnès, pour montrer à son fils Benjamin que le combat ira jusqu’à son terme et pour « ne pas laisser des erreurs impunies sans coupable », Stéphane a décidé de formuler un pourvoi en cassation, « la dernière chance au niveau judiciaire ». Il a aussi lancé une procédure administrative contre l’hôpital de Bar-le-Duc, « qui avait sous sa responsabilité le médecin-anesthésiste ».
« On invite la population à partager notre douleur »
Dans cette spirale énergique, la famille d’Agnès veut encore marquer les esprits en organisant une marche blanche, samedi 25 mai à 14 h 30 au départ du hall des Brasseries, à Bar-le-Duc. « Nous avons choisi une date symbolique, la veille de la fête des mères », indique Ghislaine Burkarth, l’une des sœurs d’Agnès. « On invite la population à partager notre douleur, pour montrer à Benjamin que personne n’a oublié sa maman, pour que justice soit faite et surtout pour qu’une telle négligence n’arrive plus jamais », ajoute Stéphane, qui espère un bel élan de solidarité.
Le cortège passera par le boulevard de la Rochelle avant de rejoindre, via le pont Triby, l’entrée de l’hôpital où des tracts seront distribués. « Aujourd’hui, je n’en veux pas personnellement au médecin. Pour nous, il y avait une équipe et il y a eu des erreurs dans les prises de décision. Je regrette en revanche que l’hôpital ne nous ait jamais contactés pour nous réconforter. C’est scandaleux. Ils ont fait comme s’il ne s’était rien passé. Et nous, on ne veut pas que le décès d’Agnès soit la faute à pas de chance », conclut Stéphane.

http://www.estrepublicain.fr/meuse/2013/05/22/marche-blanche-pour-agnes

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