mercredi 29 mai 2013

Un chef d'entreprise désespéré

En larmes, enchaîné à un pilier du Crédit agricole, un cutter sous la gorge. Philippe Georges n'élève pas la voix, il voudrait presque que les passants ne le remarquent pas. Il répète, tremblant : « Je peux mourir dans cinq minutes, je me fous de tout. Je veux juste travailler. Je n'en peux plus du manque de confiance ».

Ce chef d'entreprise de 57 ans, demeurant à Estrées-Mons (près de Péronne), a d'abord passé un coup de fil vers 8 h 45 au Courrier picard avant de s'effondrer devant l'agence bancaire, en plein centre- ville. Seul, il est tendu, désespéré mais calme. Il retrace son parcours.

Au chômage depuis 4 ans, sans revenu depuis 14 mois, il vit chez son père. Il a voulu monter une société spécialisée dans les énergies renouvelables. Le franchisé à qui il a payé 10 000 € a fait faillite. Il a investi ses économies dans cette entreprise, soit 30 000 €. Ses comptes sont bloqués, les huissiers le somment de régler. « J'ai demandé un prêt de 25 000 €, pour pouvoir rebondir sur une autre affaire. La banque me l'a refusé. J'ai trois maisons, dont les loyers sont saisis », dévoile-t-il. Je ne commets pas ce geste seulement pour moi, mais pour tous ceux que les banques étouffent ».

Quand la police municipale arrive, vers 9 h 10, Philippe Georges sort un cutter de sa veste et le maintient sur son cou. L'arrivée des gendarmes, des pompiers et du sous-préfet ne le dissuade pas tout de suite. Un climat de confiance s'établit avec un agent municipal puis avec l'un des militaires, ce qui l'amène, vers 9 h 40 à, se détacher et à s'isoler. Il baisse son cutter quelques minutes après. Il est reçu jusque vers 13 heures par des responsables de la banque, en compagnie des gendarmes et avec des pompiers prêts à intervenir.

Il a pu rentrer chez lui. Contacté en fin de journée, il se montrait soulagé : « Je vais être reçu par le directeur régional du Crédit agricole, pour qu'on réexamine mon cas. Je ne regrette pas ce que j'ai fait. Je me bats depuis trop longtemps ».


http://www.courrier-picard.fr/region/un-chef-d-entreprise-desespere-ia0b0n93853

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